En juin 1940, l’armistice signée avec l’Allemagne déclenche l’occupation de la zone nord de la France. Le 19 juin, les Morlaisiens assistent avec consternation à l’arrivée des troupes allemandes. Les lieux publics sont occupés, les maisons réquisitionnées. Le 24 juin, la croix gammée est hissée sur la façade de l’hôtel de ville.
Pour les habitants, c’est le début des restrictions alimentaires, du couvre-feu, d’une perte de liberté qui vont mener aux premiers actes de résistance.
Frustrations et humiliations
Dès l’été 1940, les magasins sont vidés par l’armée allemande. Pour les Morlaisiens, le lait, le pain, le vin, le charbon et le bois deviennent difficile à trouver. L’occupant les a réquisitionnés pour nourrir et chauffer son armée. Les frustrations, l’humiliation de l’armistice vont mener aux premiers actes de résistance passive : quelques groupes organisés, encore peu nombreux, affichent sur les murs de la ville leurs messages manuscrits « À bas les traitres de Vichy ! », « Dans le temps, je gardais les vaches, maintenant, ce sont les vaches qui me gardent », distribuent dans les boites aux lettres des tracts incitant à la résistance. La Kommandantur menace de représailles.
La Résistance s’active
Dès 1940, sur les côtes de la baie, les réseaux d’évasion se mettent en place. Les personnes qui quittent la région constituent les prémices des FFL (Forces Françaises Libres). Morlaix et sa région fournissent un nombre important de volontaires.
La même année, le mouvement de résistance Libération Nord se met en place. À sa tête, pour l’arrondissement de Morlaix, un médecin, le Docteur Léon Le Janne (commandant Noël), chargé du recrutement de volontaires. C’est François Tanguy Prigent (futur ministre du gouvernement de de Gaulle à la Libération) qui en sera le responsable pour la Bretagne.
Les actions se multiplient avec leur lot d’arrestations, d’exécutions et de déportations. En 1942, la prison de Créac’h Joly (au n°6 de la rue du même nom) est pleine à craquer : 350 prisonniers sont entassés entre ses murs ; 299 d’entre-eux sont des résistants.

© Bibliothèque patrimoniale Les Amours Jaunes
Au début de l’été 1942, les FTP (Francs-tireurs et partisans) s’organisent autour de leurs chefs, « William » et « Bob », mettent en place l’impression et la distribution de tracts clandestins, cachent une famille juive à Saint-Sauveur et développent une activité importante dans les monts d’Arrée. William et Bob seront arrêtés et exécutés. Eugène Le Luc en reprendra la direction.
L’attentat de la rue de Brest
Le 24 décembre 1943 marque l’histoire de la résistance morlaisienne. Une grenade, lancée depuis la rue Gambetta sur la Soldatenheim rue de Brest, fait dix-sept blessés côté allemand. Les représailles sont terribles : les soldats forcent les maisons en quête de coupables et prennent en otages 60 hommes. Ils seront embarqués dans des wagons à bestiaux et déportés en Allemagne. Le peintre Louis Le Gros, tiendra le coup grâce à sa peinture, précieux témoignage* des conditions de détention au camp de Buchenwald.
La fin de la guerre

© Bibliothèque patrimoniale Les Amours Jaunes
À partir du printemps 1944, les maquis de résistants s’organisent. En avril, un groupe de miliciens est attaqué près des Halles en plein centre ville. Les actions s’accélèrent à partir du débarquement des Alliés en Normandie : renseignements, infiltrations d’aviateurs et d’agents alliés se précisent, des armes parachutées sont récupérées aux alentours de Morlaix. On se prépare aux combats de la Libération.
Les résistants de Morlaix et des environs apporteront aux alliés une aide précieuse.
* Il existe un catalogue de l’exposition de 2014 qu’il doit être assez facile de se procurer à la bibliothèque Les Ailes du Temps.

Le STO (Service du travail obligatoire)
C’est surtout à partir du printemps 1943 que la région morlaisienne voit naître les premiers maquis. Sur les 4141 hommes convoqués par les autorités allemandes, seuls 2% répondent à l’appel pour aller travailler en Allemagne. Le nombre de ces réfractaires du STO, contraints de rentrer dans une vie de clandestinité, explique l’importance des maquis dans la région de Morlaix.
Article rédigé pour le Morlaix Mag