« Roger Joncourt, explorateur de la matière », une exposition conçue par l’agence

Du 1er mars au 20 avril 2025, le service culturel de la Ville de Landivisiau consacre au sculpteur Roger Joncourt une exposition rétrospective. Il a confié à l’agence, le commissariat, la rédaction, la scénographie et le design graphique

J’ai parfois le sentiment que les gens dissocient le patrimoine et l’art, alors qu’il existe entre ces deux disciplines des passerelles indéniables.
« L’histoire de l’art, c’est avant tout de l’histoire », expliquait Michel Dupré, mon directeur de recherche à la fac. Cette introduction à mon premier cours d’histoire de l’art ne m’a jamais quittée, tant elle avait du sens.

La démarche n’est pas foncièrement différente : travailler sur la conception d’une exposition, que ce soit sur des questions de patrimoine ou d’art, fait appel aux mêmes compétences : il faut savoir construire un récit, aller à l’essentiel, dégager des thèmes forts, rendre l’ensemble attractif, faire des choix (on ne peut pas tout montrer). Il faut savoir écrire aussi, on a tendance à l’oublier ; la maîtrise du langage, c’est quand même un peu la base. Et il faut aimer partager.

Ce travail concrétise plusieurs moments de ma vie, celle de l’étudiante en fac d’arts, celle de l’enseignante en arts-plastiques et arts-appliqués, celle de la conceptrice de supports de médiation culturelle que je suis aujourd’hui.
2025 marque un tournant dans la vie de mon entreprise : avec cette expo Joncourt, avec une autre exposition, portant sur Jim Sévellec (Musée de Morlaix), et avec un projet encore plus ambitieux, un parcours de découverte du patrimoine de Plougonven par le prisme de la création plastique contemporaine. Je suis complètement emballée.

L’exposition donne d’abord des repères chronologiques.

Biographie, date clés

1932
Naissance à Moëlan-sur-Mer (Finistère).
Roger Joncourt est fils et petit-fils de tailleurs de pierre. François, son père, est l’auteur de très nombreux monuments aux morts érigés après la Première Guerre mondiale.

1943
Roger perd son père prématurément.

1947
Début de ses études à l’Académie Royale et à l’Institut national des Beaux-Arts d’Anvers (Belgique). L’enseignement y est classique, Roger Joncourt apprend la copie, à partir d’antiques de Grèce ou de Rome.
La dimension créative lui manque.

1950
Création à Anvers du Middelheim, un musée de sculpture en plein air. Roger Joncourt y découvre les oeuvres des grands artistes d’avant-garde : Jean Arp, Raymond Duchamp-Villon, Henry Moore, Ossip Zadkine, Marino Marini…
Le musée met aussi à l’honneur les sculpteurs de la fin du XIXe siècle : Bourdelle, Maillol, Rodin…

1952
Premier « Prix Bugatti » pour Roger Joncourt, une récompense attribuée par la Société Royale de zoologie (Anvers) qui promeut l’art animalier.
Première commande publique avec le buste de Jules Le Louédec (Quimperlé). Installation à Paris pour rejoindre l’Académie de la Grande Chaumière (Paris VI)
et l’enseignement de Zadkine. Ces deux ans d’apprentissage vont être décisifs.

1954
Roger Joncourt rejoint Londres et le Royal College of Art pour une année supplémentaire d’études.

1956
Retour à Paris.
Rencontre avec Michelle qui deviendra sa femme.

1958
Roger Joncourt travaille pour les ateliers du sculpteur René Letourneur, spécialisé dans l’intégration de la sculpture à l’architecture.
Naissance de son fils Loïc.
Déménagement dans le charmant quartier de l’Ermitage (XXe arrondissement) ; Roger Joncourt y installe son atelier au rez-de-chaussée.

1964
La famille déménage en Eure-et-Loir à La Haye (entre Dreux et Chartres), ce qui permet à Roger Joncourt d’agrandir son atelier et de réaliser des sculptures plus imposantes.

1983
Paotr mad, emblème de Landivisiau.

1988
Monument du souvenir, Thorigné-Fouillard (Ille-et-Vilaine).

1989
Création de l’association Sculpteurs Bretagne avec Morley Troman.

1991
Xavier Grall et La fontaine, en collaboration avec le paysagiste Erwan Tymen.

2008
Celui qui regarde passer les autres, Saint-Pol-de-Léon.

2017
Carte blanche à Roger Joncourt : exposition à l’Espace Lucien-Prigent.

2023
Décès de Roger Joncourt.


L’importance de la commande publique

« Il faut mettre de la sculpture là où sont et où vont les gens. »
Roger Joncourt

Pour Roger Joncourt, la visibilité d’une oeuvre réside dans la qualité de son emplacement. L’espace public offre ainsi de formidables opportunités.
Dans les établissements scolaires, l’art devient parfois aussi prétexte à jouer.
Les écoliers prennent possession de l’œuvre, s’y posent ou l’escaladent, le temps d’une récréation.
La commande publique permet cette accessibilité, à laquelle Roger Joncourt tient particulièrement. En Alsace, à Paris, en Bretagne, il produit des sculptures monumentales, dont il dira que c’est « son exercice préféré ».
À son arrivée en Bretagne au début des années 1980, Roger Joncourt fait face à une difficulté : les commandes et appels à projets sont moins importants qu’en région parisienne. Il décide alors de réunir quelques compagnons dans un réseau de sculpteurs bretons.

Naissance de l’association Sculpteurs Bretagne

« La vie en Bretagne n’offre pas les mêmes facilités aux sculpteurs qu’à Paris. On manque de structures. Les possibilités d’expositions et les demandes de travaux sont rares. Quant aux collectionneurs, ils sont pratiquement inexistants. »

À partir de 1987, Roger Joncourt entame avec l’équipe municipale de Landivisiau les premières discussions en faveur de la mise en place d’un grand salon de sculpture contemporaine, présentant les créations de sculpteurs bretons.
Deux ans plus tard, en 1989, 44 sculpteurs bretons exposent leurs oeuvres à l’hôtel de ville de Landivisiau.
L’association Sculpteurs Bretagne voit le jour sous l’impulsion de Roger Joncourt et Morley Troman, avec pour objectifs de renforcer un réseau d’entraide et de travailler sur la promotion de l’oeuvre sculptée en Bretagne.
Parallèlement, Roger Joncourt se lie d’amitié avec des artistes de la région : Michel Le Bourhis, Lucien Prigent, Alain Gicquel, Jean-Claude Faujour, Michel Lancien…

Roger Joncourt – Le Renard (1953) – Plâtre
Témoignage de son goût pour le bestiaire, cette sculpture est présentée par Roger Joncourt pour son diplôme de fin d’études.
Roger Joncourt – Le château (1985) – Laiton patiné

Exposition Roger Joncourt, explorateur de la matière
Espace Lucien Prigent – Landivisiau
Du 1er mars au 20 avril 2025.

Pour voir les compétences engagées par l’agence sur ce projet, rendez-vous dans la rubrique expositions.

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