Acquisition de nouvelles œuvres au Musée de Morlaix


Trois œuvres de Charles de Kergariou viennent enrichir les collections du Musée de Morlaix. Nous sommes allés à la rencontre de Mélanie Thomas, directrice du musée, qui nous explique toutes les étapes et l’intérêt d’une démarche d’acquisition en général, et de celle-ci en particulier. 


Comment peut-on savoir que des œuvres vont être mises en vente aux enchères ? 

Tous les musées ont leur réseau, et on communique beaucoup sur ces choses là ! Dans le cas de ces œuvres, c’est l’association « Les amis de Kerga » qui nous a alertés. Etienne de Kergariou, descendant du peintre en est membre actif et il est très attentif au marché de l’art, en particulier quand cela concerne les œuvres de son aïeul ! 

Mais alors, comment ça se passe une fois que vous prenez connaissance de l’information ? 


À ce moment-là, on travaille sur un dossier que l’on remet à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) ; ce dossier doit démontrer l’intérêt de cette acquisition au regard des collections existantes et du projet culturel et scientifique du musée. Ce qui est assez simple dans le cas de Kerga ! 

Et donc, en quoi ces acquisitions des œuvres de Kerga sont-elles pertinentes ? 


D’abord parce que Charles de Kergariou est un peintre important dans la région : il est connu en particulier pour ses décors monumentaux dans les hôtels et établissements de la région : on retient souvent la fresque « Partie de voile devant le château du Laber » réalisée au sanatorium de Perharidy à Roscoff entre 1933 et 1934, parce qu’elle est assez connue et qu’elle est souvent utilisée dans les ouvrages de valorisation du patrimoine en Pays de Morlaix. Également, parce que c’est un artiste complet : il est aussi peintre que graphiste, même si ce terme est plus contemporain. C’est assez singulier chez lui, cette facilité à passer de la publicité au décor, de la peinture à la gravure. Ses compositions sont exceptionnelles, il traite la couleur avec virtuosité. Enfin, parce que Kerga est – à notre grand regret – encore insuffisamment représenté au musée : avant cette acquisition, nous ne possédions qu’une seule œuvre, une plaque de linoléum gravée, très intéressante, avec notamment un travail de typographie qui rappelle les Seiz Breur. Il était temps donc, de faire quelque-chose ! 

Exceptionnel travail de typographie, très emprunt au mouvement Art Déco, réalisé par Charles de Kergariou.

D’accord, mais puisque les œuvres sont vendues aux enchères, elles peuvent êtres acquises par un particulier ? C’est tout de même risqué, non ? 


On peut dire qu’il y a un certain suspens, oui ! Et ça peut arriver qu’une œuvre nous passe sous le nez, si l’enveloppe budgétaire qu’on s’était fixée est dépassée par les enchères. Mais on a la possibilité, via la DRAC, d’exercer un droit de préemption. En particulier quand l’enjeu est important pour l’établissement qui souhaite acquérir une œuvre. 

Ça ne fait pas scandale dans une salle des ventes ? Il y a forcément un déçu quand ça arrive, non ? 

Je n’en ai pas encore faire l’expérience, mais ma collègue du Musée Bigouden de Pont-Labbé a connu ça : elle s’attendait à être huée au moment fatidique de la préemption, mais en réalité, la salle l’a applaudie chaudement. C’est assez rassurant que le public ait conscience de la nécessité d’une conservation dans un musée. Ça assure la pérennité d’une oeuvre, parce que les techniques de conservation sont au point, parce qu’il y a des professionnels qui en prennent soin. Ce n’est pas rien ! 

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