Dans le bourg de Guipavas

Année : 2022 & 2023 (2 tranches)
Lieu : Guipavas (29)
Commanditaire : Ville de Guipavas
Compétences engagées par l’agence : muséographie, identité graphique, design graphique, illustration, suivi de projet

Regards sur le Château du Taureau

Année : 2023
Lieu : en baie de Morlaix, de Carantec à Plougasnou et autour de la rivière de Morlaix (29)
Commanditaire : Morlaix Communauté
Muséographie (contenus adultes) : Morlaix Communauté
Design de mobilier : NorWest design
Mise en forme graphique des contenus adultes : NorWest design
Compétences engagées par l’agence : muséographie contenus enfants (textes, dessins), création de l’identité graphique du projet, mise en forme graphique des contenus enfant.

Landivisiau

Année : 2025
Lieu : Landivisiau
Commanditaire : Ville de Landivisiau
Compétences engagées par l’agence : création des contenus, design graphique, illustration.
Voir l’article de blog qui explique plus précisément la nature du travail réalisé.
Charte graphique : Pays d’art et d’histoire


© Photos service culturel de Ville de Landivisiau (Katell Mancec)

Le Douvez à Guipavas

Année : 2025
Lieu : quartier du Douvez (Guipavas – 29)
Commanditaire : Ville de Guipavas
Compétences engagées par l’agence : muséographie, identité graphique et logotype, design graphique, illustration, suivi de projet, document d’accompagnement.

Un pupitre, panneau d'interprétation du patrimoine, avec des illustrations du site autrefois, du textes et des images d'archives, une frise chronologique
Un dessin d'un bateau Kerhorre, des photos d'archives et du textes qui explique que le chantier naval Hily construisait des bateaux de travail

Terre ! Terre ! Les conquêtes européennes au 16e siècle

Année : 2022
Lieu : Château de Kerjean (Saint-Vougay)
Commanditaire : Chemins du patrimoine en Finistère
Type d’exposition : temporaire
Compétences engagées par l’agence : création d’une identité graphique, illustrations, mise en forme graphique de l’ensemble des contenus.
Muséographes : Sabrina Bisson, Édith Joseph (Chemins du patrimoine en Finistère)
Scénographe : Guillaume Soubranne (Chemins du patrimoine en Finistère)

Ker dreger, le musée des révolutions agricoles

Année : 2023
Lieu : Plouigneau
Commanditaire : Ville de Plouigneau
Type d’exposition : permamente
Compétences engagées par l’agence : création d’une identité graphique, mise en forme graphique de l’ensemble des contenus de muséographie, grande signalétique.
Architecte : Alain Le Scour
Muséographe : François de Beaulieu
Coordination du projet culturel : Mari Anna Bourgès
Signalétique directionnelle : NorWest Design

80 ans de la prise d’otages à Morlaix : la peinture comme témoignage

Ci-dessus : Louis Le Gros
La sélection place Thiers (1985-1987)
Huile sur panneau de bois
Coll. Musée de Morlaix

En 1940, la France s’apprête à vivre ses heures les plus noires. Philippe Pétain et son gouvernement entrent dans la collaboration, acceptant l’inacceptable, se lier activement au régime nazi. La France est peu à peu envahie par l’armée allemande, les villes et villages occupés, les habitants parfois chassés de leur maison réquisitionnée. Morlaix n’est pas épargnée. La guerre produit naturellement son lot de collaborateurs et en réaction, de résistants. 

Louis Le Gros
La rafle (1985-1987)
Huile sur panneau de bois – Coll. Musée de Morlaix

Ce soir du 24 décembre 1943, la vigilance de l’occupant s’est peut-être relâchée. Alors que les soldats réveillonnent à la Soldatenheim* dans les salons Quiviger (rue de Brest), une grenade est lancée depuis la rue Gambetta et explose au milieu de la salle de réception, faisant 6 blessés. Les représailles ne se font pas attendre. Le 26 décembre, l’armée allemande procède à 500 arrestations d’hommes valides âgés de 15 à 40 ans. Parmi eux, 60 hommes sont désignés au hasard. Ils seront déportés, certains ne reviendront jamais.Si cette commémoration a lieu tous les ans, elle prend plus de sens encore aujourd’hui : « Il est absolument insoutenable de s’en prendre aux populations civiles, et les événements que nous nous apprêtons à commémorer résonnent tristement avec l’actualité nationale et internationale. Les commémorations sont vitales, elles participent à notre devoir commun de mémoire, à une lutte collective contre l’obscurantisme et la barbarie », explique Jean-Paul Vermot, maire de Morlaix. 

*Foyer du soldat », était un établissement réservé à la détente des hommes de troupe de la Wehrmacht dans les territoires occupés.

Un projet éducatif porté par le musée de Morlaix 

Le Musée de Morlaix a reçu de la famille d’un des otages, Louis Le gros, un fonds de dessins et peintures qu’il a réalisés pour témoigner de son histoire. Le Musée a organisé un projet éducatif autour de ces fonds à l’occasion du 80e anniversaire. Les fonds Le Gros ont une valeur artistique indéniable, mais constituent aussi un témoignage précieux de son arrestation, de celles de ses camarades, de la déportation. Ces oeuvres, des dessins réalisés en captivité et miraculeusement sauvés, ainsi que des peintures réalisées a posteriori — racontent l’arrestation, le rassemblement au camp d’aviation de Ploujean, le voyage éprouvant vers le camp de Compiègne, puis, celui, encore plus dur, vers Weimar à la lisière de laquelle se situe le camp de Buchenwald. Ce projet, emmené par Julien Thomas, chargé de la médiation du musée de Morlaix, vise à amener les collégiens à porter une réflexion sur des événements historiques d’ampleur nationale (la collaboration, la Résistance et ses conséquences, la déportation, l’internement), par le biais d’un événement local (l’attentat de la rue Gambetta, les représailles et arrestations des otages, leur déportation dans les camps de concentration allemands réservés aux opposants politiques). Les élèves arpentent les rues de Morlaix, l’on s’arrête, reproduction d’une oeuvre de Louis Le Gros à l’appui, devant les lieux de mémoire : la rue de Brest, la rue Carnot, l’appartement de la Grand Rue, la place Thiers, (renommée après guerre « place des Otages »), la rampe Saint-Nicolas, etc. 

« L’idée était de se rendre sur des lieux que nos élèves associent à des moments heureux et de confronter ces rues, ces places, à des événements sombres d’une histoire qui est commune à tous les Morlaisiens. C’est une manière de s’approprier l’histoire, de la mettre dans un contexte que les élèves connaissent » explique Julia Thatje, professeur-documentaliste au collège du Château.

Parallèlement, les élèves se sont rendus aux archives départementales du Finistère. Chaque élève s’est vu attribuer un nom de déporté pour faire des recherches et reconstituer tous ensemble les événements de 1943 : « Ça les amène a prendre goût à la recherche et à l’histoire, à apprendre aussi à recouper les informations, à constater que parfois, elles ne sont pas les mêmes, à porter une réflexion sur la manière dont est traitée l’information, autrefois comme aujourd’hui. Cette démarche fait dialoguer le présent et le passé », précise Julia.De ce travail pédagogique, mené conjointement par le musée et les enseignants, un film a été réalisé. Ce recueil d’images participe aussi au travail de devoir de mémoire, comme un outil d’archive. Il sera projeté le 26 janvier à la mairie, tous les élèves seront conviés à cet événement.

L’œuvre de Louis Le Gros, le serment de Buchenwald

Quelques jours après la libération du camp, le 19 avril 1945, les 21 000 survivants se réunissent sur la place d’appel et font le Serment que leurs camarades morts en déportation ne seront jamais oubliés. À chacun sa manière de perpétrer le souvenir ; pour Jorge Semprun, c’est « L’Écriture ou la vie », pour Elie Wiesel, « La Nuit », pour d’autres, c’est par la peinture, Boris Taslitzky, Zoran Mušič ou Louis Le Gros.

L’arbre de Goethe
Weimar, cité culturelle, où Goethe et Schiller écrivirent, où Bach et Liszt composèrent, où Gropius fonda le Bauhaus, fut aussi le théâtre d’une barbarie inimaginable : car c’est dans cette ville, sur la colline de l’Ettersberg que le camp de Buchenwald fut érigé en 1937. En son sein, un symbole très fort, un chêne, celui au pied duquel Goethe et Schiller se retrouvaient pour deviser. Les prisonniers en parlaient beaucoup, cet arbre constituait pour nombre d’entre eux, une sorte de symbole de liberté. Ils avaient imaginés que lorsque l’arbre mourrait, le régime nazi disparaîtrait avec lui. Au moment des bombardements américains du 24 août 1944, le chêne s’embrasa. Les détenus s’empressèrent d’en récupérer un morceau, précieux témoignage de ces années de souffrance. Louis Le Gros y sculpta deux bas-reliefs, l’un de la vierge, conservé au musée Patrimoine(s) de l’Ain, l’autre du Christ, récemment donné par la famille au musée de Morlaix. Ces pièces sont extrêmement touchantes et constituent un symbole fort où la liberté retrouvée répond, comme une victoire, au souvenir de la barbarie. 

Article rédigé pour le Morlaix Mag . Décembre 2023

La Résistance à Morlaix

En juin 1940, l’armistice signée avec l’Allemagne déclenche l’occupation de la zone nord de la France. Le 19 juin, les Morlaisiens assistent avec consternation à l’arrivée des troupes allemandes. Les lieux publics sont occupés, les maisons réquisitionnées.  Le 24 juin, la croix gammée est hissée sur la façade de l’hôtel de ville. 

Pour les habitants, c’est le début des restrictions alimentaires, du couvre-feu, d’une perte de liberté qui vont mener aux premiers actes de résistance.

Frustrations et humiliations

Dès l’été 1940, les magasins sont vidés par l’armée allemande. Pour les Morlaisiens, le lait, le pain, le vin, le charbon et le bois deviennent difficile à trouver. L’occupant les a réquisitionnés pour nourrir et chauffer son armée. Les frustrations, l’humiliation de l’armistice vont mener aux premiers actes de résistance passive : quelques groupes organisés, encore peu nombreux, affichent sur les murs de la ville leurs messages manuscrits « À bas les traitres de Vichy ! », « Dans le temps, je gardais les vaches, maintenant, ce sont les vaches qui me gardent », distribuent dans les boites aux lettres des tracts incitant à la résistance. La Kommandantur menace de représailles.

La Résistance s’active

Dès 1940, sur les côtes de la baie, les réseaux d’évasion se mettent en place. Les personnes qui quittent la région constituent les prémices des FFL (Forces Françaises Libres). Morlaix et sa région fournissent un nombre important de volontaires. 

La même année, le mouvement de résistance Libération Nord se met en place. À sa tête, pour l’arrondissement de Morlaix, un médecin, le Docteur Léon Le Janne (commandant Noël), chargé du recrutement de volontaires. C’est François Tanguy Prigent (futur ministre du gouvernement de de Gaulle à la Libération) qui en sera le responsable pour la Bretagne. 

Les actions se multiplient avec leur lot d’arrestations, d’exécutions et de déportations. En 1942, la prison de Créac’h Joly (au n°6 de la rue du même nom) est pleine à craquer : 350 prisonniers sont entassés entre ses murs ; 299 d’entre-eux sont des résistants. 

Les collégiens de Morlaix figurent parmi les résistants les plus actifs. 
© Bibliothèque patrimoniale Les Amours Jaunes

Au début de l’été 1942, les FTP (Francs-tireurs et partisans) s’organisent autour de leurs chefs, « William » et « Bob », mettent en place l’impression et la distribution de tracts clandestins, cachent une famille juive à Saint-Sauveur et développent une activité importante dans les monts d’Arrée. William et Bob seront arrêtés et exécutés. Eugène Le Luc en reprendra la direction. 

L’attentat de la rue de Brest

Le 24 décembre 1943 marque l’histoire de la résistance morlaisienne. Une grenade, lancée depuis la rue Gambetta sur la Soldatenheim rue de Brest, fait dix-sept blessés côté allemand. Les représailles sont terribles : les soldats forcent les maisons en quête de coupables et prennent en otages 60 hommes. Ils seront embarqués dans des wagons à bestiaux et déportés en Allemagne. Le peintre Louis Le Gros, tiendra le coup grâce à sa peinture, précieux témoignage* des conditions de détention au camp de Buchenwald. 

La fin de la guerre

Le général de Gaulle en visite à Morlaix, le 21 juillet 1945. Cette visite témoigne de l’importance des faits de résistance dans la région de Morlaix. Derrière lui, Tanguy Prigent, devenu son ministre de l’agriculture. 
© Bibliothèque patrimoniale Les Amours Jaunes

À partir du printemps 1944, les maquis de résistants s’organisent. En avril, un groupe de miliciens est attaqué près des Halles en plein centre ville. Les actions s’accélèrent à partir du débarquement des Alliés en Normandie : renseignements, infiltrations d’aviateurs et d’agents alliés se précisent, des armes parachutées sont récupérées aux alentours de Morlaix. On se prépare aux combats de la Libération.

Les résistants de Morlaix et des environs apporteront aux alliés une aide précieuse. 

* Il existe un catalogue de l’exposition de 2014 qu’il doit être assez facile de se procurer à la bibliothèque Les Ailes du Temps.

Le STO (Service du travail obligatoire) 
C’est surtout à partir du printemps 1943 que la région morlaisienne voit naître les premiers maquis. Sur les 4141 hommes convoqués par les autorités allemandes, seuls 2% répondent à l’appel pour aller travailler en Allemagne. Le nombre de ces réfractaires du STO,  contraints de rentrer dans une vie de clandestinité, explique l’importance des maquis dans la région de Morlaix. 

Article rédigé pour le Morlaix Mag